Le patrimoine industriel de l’agroalimentaire – 1998

Les Grès, village Doré-Doré

La dynastie Doré a très largement contribué à l’essor de Fontaine-les-Grès, particulièrement à l’époque d’André Doré. Fils de Philippe Gustave Saint-Ange Doré [1] et de Marthe Marie Coutin, André Laurent Joseph Doré, naît le 27 janvier 1887 à Fontaine-les-Grès, hameau des Grès (Aube) et meurt le 10 mars 1964 à Paris (Seine)[i].

Comme l’écrit le quotidien La Tribune de l’Aube le 1er août 1930, le village est alors «  immortalisé par le monogramme DD », par la qualité de la production de l’entreprise Doré-Doré et par une politique patronale très ambitieuse. Sociale, hygiéniste et culturelle, elle tend à faire progresser moralement le monde ouvrier en lui imposant l’épargne, la tempérance, la scolarisation… tout en favorisant l’existence et le développement  de l’entreprise. Évoquant Les Grès au début des années 1930, André Doré parle de « village adapté »… à la vie de cette dernière. « Là se réalise le rêve suprême du paternalisme : le temps de travail comme le temps libre sont réglés par l’entreprise [2]».

Un « paradis social »

Le Mémorial offert à André Doré en 1948, à l’occasion du quarantenaire de sa direction de l’entreprise, témoigne de sa considérable œuvre sociale aux Grès – en juin 1931, La Tribune de l’Aube parle « d’un village coquet, véritable paradis social », comme il témoigne d’un paternalisme [3] ambiant très prégnant.


  1. André Doré appartient au groupe des « trois André », entrepreneurs textiles phares de l’entre-deux-guerres, avec les Troyens André Marot et André Gillier. André Marot fait de la Teinturerie Clément Marot l’une des plus grandes teintureries européennes. André Gillier, à l’inverse d’André Doré, fabrique en usine, notamment le polo Lacoste. Dans les années 1930, son site industriel textile des Gayettes est le plus vaste d’Europe. Pour en savoir plus, voir Jean-Louis HUMBERT, « Gillier André », « Marot André », Anne Durantel, Catherine Robinet, Jean-Louis Humbert, Emmanuel Saint-Mars, dir., Dictionnaire des célébrités auboises, Troyes, Éditions de La Maison du Boulanger, 2016, p. 159-160, 238-239.[]
  2. Gracia DOREL-FERRÉ, Le patrimoine industriel dans tous ses états. Un hommage à Louis Bergeron, Chambéry, Université de Savoie-Mont Blanc, 2019, p. 17.[]
  3. Le paternalisme industriel se fait fort de faire aussi bien, voire mieux, que l’État en palliant ses carences en termes de logement, d’éducation et de santé. Il espère ainsi éviter la contagion révolutionnaire et limiter l’intervention de l’État dans la vie des entreprises.[]